FEUX
Violoncelle
(2007)
Durée : 20′
Commande de la ville de Muret
Création mondiale le 28 avril 2007 à l’Institut Français de Berlin par Damien Ventula
Editions Billaudot
Enregistrement : CD La nuit transfigurée 340128 (Arc-en-cello) – Damien Ventula
« Bacchanale »
Bacchanale – Méditation – Pansori – Tarentelle
Création le 28 avril 2007 à l’Institut Français de Berlin par Damien Ventula.
C’est à l’issue de la création de mon opéra Peter Pan par le Théâtre du Châtelet à Paris que Damien Ventula me demanda d’écrire une pièce pour violoncelle solo en vue d’une création berlinoise. Sans doute encore imprégné de trois années de travail sur un ouvrage lyrique complexe, je composai une œuvre soliste de très large dimension qui fait un tour d’horizon de la plupart des ressources sonores de l’instrument et articule un discours somme toute assez dramaturgique.
La clarté et l’ampleur sonores du jeu de Damien Ventula m’ont tout de suite donné l’idée de l’exorde incandescent qui ouvre la pièce et prépare une bacchanale à l’énergie fougueuse. Pour la petite histoire, les vagues en forme de V de cet exorde sont un clin d’œil à l’initiale commune du créateur de l’œuvre et de son instrument. Mais ce qui de prime abord paraît n’être qu’un jeu graphique a induit en réalité la cellule génératrice de toute la pièce : 3 demi-tons et une tierce mineure. Une deuxième idée, plus rêveuse, fait entendre un tissu de trémolos en demi-tons et tierces mineures avant de rentrer de plein fouet dans la bacchanale où seront énergiquement développés les différents éléments exposés.
Le deuxième mouvement est une lente méditation expressive qui laisse d’abord chanter l’instrument, puis prépare dans une atmosphère inquiète le matériau du suivant : demi-ton – quarte.
Dans ce troisième mouvement, le violoncelle déploie toute une palette de jeux percussifs inspirés du pansori coréen (opéra traditionnel) et des ondulations sonores du komungo (sorte de cithare). Mais ici le musicien doit assumer les deux parties : la voix récitante (ou le komungo) et le tambour qui commente et structure le discours par des modes rythmiques.
Pizzicati, table et touche frappée seront les sonorités principales de ce pansori singulier.
Le violoncelle gagne peu à peu l’aigu, l’archet succède au pizz dans une expression exacerbée qui se précipite sans interruption vers un final endiablé en forme de tarentelle.
Ce dernier mouvement très virtuose contient dans sa partie centrale une plage plus calme avec un développement basé uniquement sur des harmoniques naturelles.
Et de conclure enfin sur un retour de l’appel initial mais avec une tension accrue puisque le violoncelle « crie » sa rage sur un réb suraigu dans ce qui n’est plus un exorde bien sûr, mais peut-être, après ces quelques 20 minutes de musique, un exutoire.
Patrick Burgan
Damien Ventula et Patrick Burgan, lors d’une présentation publique de « FEUX »
(Auditorium de Muret – Photo La Dépêche – Tous droits réservés)