Vita nova
Contre-ténor, 2 violons, alto, viole de gambe, clavecin
Texte de Dante Alighieri
(2002)
Durée : 27’
Commande : Fondation Marcelle et Robert de Lacour.
Editions Jobert
Contre-ténor, 2 violons, alto, viole de gambe, clavecin.
Le projet de cette œuvre émane d’un souhait du chanteur Vincent Aguettant : une création originale pour une première partie de concert destinée à son ensemble, de préférence en langue italienne.
Je me laissais facilement convaincre car, outre le plaisir d’écrire pour la voix, la confrontation d’instruments baroque avec une musique qui leur est postérieure de plusieurs siècles est une belle expérience (Hervé Niquet m’a récemment commandé une œuvre pour son « Concert spirituel »). Expérience qui démontre avant tout que ces instruments ont une richesse particulière qui convient parfaitement à une langue musicale différente de celle sur laquelle ils se font entendre habituellement.
Le texte que j’ai choisi de mettre en musique est extrait de ce que Dante lui-même appelle son petit livre. En effet écrasé par « La Divine Comédie », ce « Vita Nova » gagnerait à être plus connu. La passion du poète pour Béatrice – de l’éveil du sentiment amoureux jusqu’à la mort de la bien-aimée – est relatée ici avec une simplicité qui n’est ingénue qu’au premier degré et cache le plus souvent tous les thèmes du grand-œuvre à venir.
« Vita Nova » raconte l’amour idéal que le poète nourrit pour Béatrice dès son plus jeune âge.
Un amour pur, chaste, divin peut-on dire même, puisque dans son inspiration poétique elle est parfois l’image de Marie, voire du Christ selon certains commentateurs.
« La Vita Nova » pourrait donc être le récit d’une vie illuminée par le merveilleux amour de Béatrice, une vie presque divine puisque chaque fois qu’il voit Béatrice, Dante se sent « transfiguré ».
Dante considère Béatrice comme un miracle sur terre, et la place perpétuellement sous le signe d’une éclatante Trinité, multipliant notamment les références au chiffre 9 (sa naissance, sa mort, leur rencontre et divers autres évènements)
Dans la construction musicale, le chiffre 9 a également une grande place, ne serait-ce que dans la durée de l’oeuvre 3 x 9 mn, soit 27 mn.
Le texte mis en musique est la 2° chanson dans laquelle Dante, malade, voit en songe la mort de Béatrice.
Entre autres références théologiques, le poète cite textuellement les paroles d’un psaume lorsqu’il voit sa bien-aimée monter vers le ciel, poussée par les anges : « Levava li occhi miei » (« Levavi oculos meos »).
La douleur est dépassée et se transforme peu à peu en une véritable béatitude.
La lecture musicale suit l’atmosphère du poème et traduit, après la tristesse initiale et les visions effrayantes du cauchemar, la douce impression de lumière divine qui clôt cette poésie.
Patrick Burgan