Trois chansons érotiques

Voix et piano
(1997)
Durée : 10’
Les cédilles, mezzo-soprano – Poème de Gustave Nadaud –  Durée : 5’
La Puce, voix parlée – Poème d’Alexis Piron – Durée : 2’20’’
Sonnet pointu, soprano – Poème d’Edmond Haraucourt – Durée : 2’
Commande de la Péniche-Opéra.
Création mondiale en février 1998 à La Péniche-Opéra de Paris par Béatrice Cramoix, Robert Expert et Sophie Boulin
Editions Jobert

« Les cédilles » :

« Sonnet pointu » :

Les cédilles (Gustave Nadaud)

1
Ah ! maman, j’ai vu ce matin
Un sorcier près de la charmille.
Il m’a dit en prenant ma main,
Il m’a dit… – Mais quoi donc, ma fille ?
Que son œil avait aperçu
Que j’aurai un mari cossu.
Comment cossu ? – Oui, maman, cossu.
-C’est bien, ma fille.
Gardez toujours votre cédille.

2
Il me fit bien des questions
Sur l’orthographe et la grammaire,
Puis, sans plus de précautions,
Il me dit… – Mais quoi donc, ma chère?
-Qu’à mon âge il était reçu
Qu’une fille montrait son su.
-Son su ? – Oui, maman, son su.
-C’est bien, ma fille.
Gardez toujours votre cédille.

3
En me tâtant de ci, de là,
Il trouva que j’étais malade,
Et qu’il me fallait pour cela
Prendre ses bâtons de pommade.
Je vis que c’était un garçon :
Il m’ordonna des bains de son.
-De son ? – Oui, maman, de son.
-C’est bien, ma fille.
Gardez toujours votre cédille.

4
Il voulut me faire payer
Le médecin et l’ordonnance ;
Il soulève mon tablier ;
Moi, je faisais bonne défense.
Mais en me prenant en dessous,
Maman, il a tiré trois sous.
-Trois sous ? -Oui, maman, trois sous.
-C’est bien, ma fille.
Gardez toujours votre cédille.

La puce (Alexis Piron)

Au dortoir
Sur le soir
La soeur Luce
En chemise et sans mouchoir,
Cherchait du blanc au noir
A surprendre une puce.

A tâton
Du téton
A la cuisse
L’animal ne fait qu’un saut
Ensuite un peu plus haut,
Se glisse
Dans la petite ouverture,
Croyant sa retraite sûre.

De pincer
Sans danger
Il se flatte.
Luce, pour se soulager,
Y porte un doigt léger
Et gratte.

En ce lieu
Par ce jeu
Tout s’humecte.
A force de chatouiller,
Venant à se mouiller,
Elle noya l’insecte.

Mais enfin,
Ce lutin,
Qui rend l’âme,
Veut faire un dernier effort.
Luce grattant plus fort
Se pâme !

SONNET POINTU (Edmond HARAUCOURT)

Reviens sur moi ! Je sens ton amour qui se dresse ;
Viens, j’ouvre mon désir au tien, mon jeune amant.
Là… Tiens… Doucement… Va plus doucement…
Je sens, tout au fond, ta chair qui me presse.

Rythme bien ton ardente caresse
Au gré de mon balancements,
O mon âme… Lentement,
Prolongeons l’instant d’ivresse.

Là… Vite ! Plus longtemps !
Je fonds ! Attends,
Oui, je t’adore…

Va ! va ! va !
Encore.
Ha !