Ophelia
Chœur à voix égales et piano
Textes de Rimbaud et Shakespeare.
(2007-2008)
Durée : 17’
Commande de l’association Sotto Voce.
Création mondiale le 6 avril 2008, salle Gaveau à Paris, par le chœur d’enfants Sotto Voce direction Scott Alan Prouty – Piano : Richard Davis
Extrait 1 :
Extrait 2 :
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Pour Ophelia, le choix des textes – le germe de l’idée – doit pour beaucoup à l’identité de l’ensemble commanditaire et créateur : le chœur d’enfants Sotto voce. D’abord, l’âge de ses tout jeunes chanteurs qui les rend plus particulièrement sensibles aux envolées lyriques et passionnées, notamment à travers le drame d’une jeune fille innocente; ensuite, pour certains d’entre eux, une expérience récente et inoubliable au pays imaginaire de mon opéra Peter Pan; enfin, grâce à leur chef, un usage maîtrisé et exigeant de la langue anglaise.
Le tapis était en somme déroulé pour la jeune et pure Ophélie dont un poète français dévoile le spectre flottant puis conte la douloureuse tragédie, et dont un anglais fait entendre la voix dans ce qui paraît être le « Neverland » sonore de son souvenir.
Rimbaud (très jeune lui aussi quand il écrit ce poème) présente donc le fantôme de la jeune fille glissant sur l’eau, dont on entend d’abord les vocalises sur un soutien doux et liquide du piano et du chœur.
Dans la deuxième partie le poète s’adresse à elle qui lui répond alors dans sa propre langue, faisant resurgir d’un passé immémorial la totalité des interventions que Shakespeare lui a écrites dans son Hamlet : depuis ses propos insouciants avec son frère jusqu’à la souffrance déchirante de la perte de l’aimé puis du père assassiné, en passant par la comédie qu’on l’a obligée à jouer. Lorsque la folie a saisi Ophélie, le piano se tait, et c’est a cappella que sa voix se démultiplie sur chansons et comptines.
Pour finir, Rimbaud nous la présente à nouveau « couchée en ses longs voiles » , et c’est l’atmosphère glissante de la première partie qui vient conclure l’œuvre, laissant les derniers mots à Hamlet chuchotant sa lettre d’amour – et d’adieu – sur les vocalises mourantes de l’aimée.
Patrick Burgan