Chants de neige

(2021)

pour 16 voix mixtes a cappella

Poèmes de Robert Southwell, Friedrich Hölderlin, Juan Ramon Jimenez, Giosué Carducci, Théophile Gautier

Durée : environ 5 mn
Commande du Choeur de chambre Les Eléments

Création mondiale : 3 décembre 2021
Choeur de chambre Les Eléments – Direction Joël Suhubiette

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TEXTES

1 – The Burning Babe

As I in hoary winter’s night stood shivering in the snow,
Surpris’d I was with sudden heat which made my heart to glow;
And lifting up a fearful eye to view what fire was near,
A pretty Babe all burning bright did in the air appear;
Who, scorched with excessive heat, such floods of tears did shed
As though his floods should quench his flames which with his tears were fed.
“Alas!” quoth he, “but newly born, in fiery heats I fry,
Yet none approach to warm their hearts or feel my fire but I!
My faultless breast the furnace is, the fuel wounding thorns,
Love is the fire, and sighs the smoke, the ashes shame and scorns;
The fuel Justice layeth on, and Mercy blows the coals,
The metal in this furnace wrought are men’s defiled souls,
For which, as now on fire I am to work them to their good,
So will I melt into a bath to wash them in my blood.”
With this he vanish’d out of sight and swiftly shrunk away,
And straight I called unto mind that it was Christmas day

(Robert Southwell)

L’enfant brûlant

Tandis que je grelottais sous la neige dans la nuit cendrée de l’hiver,
Je fus surpris par une chaleur soudaine qui fit briller mon cœur;
Et, levant un œil effrayé pour voir quel feu était si proche,
Un joli Bébé tout flamboyant apparut dans les airs;
Qui, brûlé par une intense chaleur, versa jamais de tels flots de larmes,
Comme si ses flots devaient éteindre ses flammes dont ses larmes étaient nourries.
« Hélas! » clama-t-il, « à peine né, je brûle dans des chaleurs ardentes,
Pourtant, mis à part moi, personne ne vient réchauffer son cœur ou sentir mon feu !
Mon sein sans tache est la fournaise, des épines blessantes le combustible,
L’amour est le feu, et les soupirs la fumée, honte et le mépris en sont les cendres;
Le combustible repose sur Justice, et Miséricorde souffle les braises,
Le métal forgé dans cette fournaise sont les âmes souillées des hommes,
Pour lesquelles, comme maintenant dans le feu, je travaille à leur bien,
Je vais donc me fondre dans un bain pour les laver dans mon sang. »
Sur ce, il se rétrécit rapidement et disparut de ma vue,
Quand soudain, il me vint à l’esprit que nous étions le jour de Noël.

2 – Der Winter

Das Feld ist kahl, auf ferner Höhe glänzet
Der blaue Himmel nur, und wie die Pfade gehen,
Erscheinet die Natur, als Einerlei, das Wehen
Ist frisch, und die Natur von Helle nur umkränzet.
Der Erde Stund ist sichtbar von dem Himmel
Den ganzen Tag, in heller Nacht umgeben,
Wenn hoch erscheint von Sternen das Gewimmel,
Und geistiger das weit gedehnte Leben.
(Friedrich Hölderlin)

Le champ est nu, dans les hauteurs lointaines brille
Seul le ciel bleu, et comme vont les chemins,
La nature apparaît, comme une évidence, la douleur
Est glacée, et la nature seulement couronnée de Lumière.

L’heure terrestre est visible du ciel
Toute la journée, entourée d’une nuit lumineuse,
Lorsque apparaît là-haut l’essaim des étoiles,
Et la vie éternelle de l’âme.

3 – Jesús, el dulce…

Jesús, el dulce, viene…
Las noches huelen a romero…
¡Oh, qué pureza tiene
la luna en el sendero!

Palacios, catedrales,
tienden la luz de sus cristales
insomnes en la sombra dura y fría…
Mas la celeste melodía
suena fuera…
Celeste primavera
que la nieve, al pasar, blanda, deshace,
y deja atrás eterna calma…

¡Señor del cielo, nace
esta vez en mi alma!

(Juan Ramón Jiménez)

Jésus, le doux, vient…
Les nuits sentent le romarin…
Ô, comme elle est pure,
la lune, sur le sentier.

Des palais, des cathédrales,
tendent la lumière de leurs
insomnies de verre dans l’ombre dure et froide…
Mais la mélodie céleste
sonne dehors…
Printemps céleste
que la neige, en passant, molle, efface,
et laisse derrière elle le calme éternel…

Seigneur du ciel, nais
cette fois dans mon âme !

4 – Nevicata

Lenta fiocca la neve pe ‘l cielo cinereo: gridi,
Suoni di vita più non salgono da la città,
Non d’erbaiola il grido o corrente rumore di carro,
Non d’amor la canzon ilare e di gioventù.
Da la torre di piazza roche per l’aere le ore
Gemon, come sospir d’un mondo lungi dal dì.
Picchiano uccelli raminghi a’ vetri appannati: gli amici
Spiriti reduci son, guardano e chiamano a me.
In breve, o cari, in breve – tu càlmati, indomito cuore –
Giù al silenzio verrò, ne l’ombra riposerò.
(Giosuè Carducci)

Chute de neige

Lentement tombe la neige dans un ciel de cendre : les cris,
Les sons de la vie ne montent plus de la ville,

Aucun cri de revendeuse, aucun fracas roulant de charrette,
Aucune chanson hilare d’amour et de jeunesse.

De la tour de la place, comme des roches dans l’air, les heures
Gémissent, comme soupirs d’un monde loin du jour.

Des oiseaux vagabonds frappent aux vitres embuées: les amis
Sont des esprits rescapés, ils me regardent et m’appellent.

En un mot, ô très chers, en un mot – calme-toi, cœur insoumis –
Je descendrai vers le silence, et reposerai dans l’ombre.

5 – Noël

Le ciel est noir, la terre est blanche ;
– Cloches, carillonnez gaîment ! –
Jésus est né ; – la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.

Pas de courtines festonnées
Pour préserver l’enfant du froid ;
Rien que les toiles d’araignées
Qui pendent des poutres du toit.

Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l’échauffer dans sa crèche
L’âne et le boeuf soufflent dessus.

La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s’ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le choeur des anges
Chante aux bergers :  » Noël ! Noël !  »

(Théophile Gautier)

Extrait CD (n°1)

Extrait CD (n°3)