Cathédrales
15 instruments à vent 2/2/2/2/2/2/2/1
(1994)
Durée : 13’
Commande des Philharmonistes de Châteauroux
Création mondiale le 18 novembre 1990 à Montmorency sous la direction de Janos Komives
Editions Billaudot
Début :
Fin :
Cette œuvre est une commande que m’avait passée le chef d’orchestre Janos Komives pour ses « Philharmonistes de Châteauroux » en 1999. J’avais été quelque temps auparavant son élève en orchestration au CNSM de Paris, classe que suivait également un jeune tromboniste et compositeur américain qui disparut tragiquement au début de mon travail sur cette pièce ; je décidai alors de la dédier à sa mémoire.
Le sonnet « Obsession » de Baudelaire, cri d’angoisse et de révolte, devint alors le guide spirituel de la composition de « Cathédrales », titre emprunté au premier vers du poème.
Après un début tonitruant d’une violence frénétique, véritable hurlement organistique des 15 instruments à vent, vient un apaisement progressif qui se résout en une plage extatique et sereine, à l’image de cette nuit peuplée de regards familiers où « vivent », dans le regard du poète, les êtres disparus.
A la mémoire de Michaël Salih
Obsession
Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales;
Vous hurlez comme l’orgue; et dans nos coeurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.
Je te hais, Océan! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui; ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer
Comme tu me plairais, ô nuit! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu!
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu!
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon oeil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.
Charles Baudelaire « Les fleurs du mal »