Rilke lieder

Mezzo-soprano et piano
Trois poèmes de Rainer Maria Rilke
(2015)
Durée : 12’
Création mondiale le 30 mai 2015 au Chenalbleu de Montreuil, par Mareike Schellenberger et Naoko Hirata.

« Abend » :

« Lauschende Wolke » :

« Vogelschrei » :

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Abend in Skåne

Der Park ist hoch. Und wie aus einem Haus
tret ich aus seiner Dämmerung heraus
in Ebene und Abend. In den Wind,
denselben Wind, den auch die Wolken fühlen,
die hellen Flüsse und die Flügelmühlen,
die langsam mahlend stehn am Himmelsrand.
Jetzt bin auch ich ein Ding in seiner Hand,
das kleinste unter diesen Himmeln. – Schau:

Ist das Ein Himmel?:
Selig lichtes Blau,
in das sich immer reinere Wolken drängen,
Und drunter alle Weiß in Übergängen,
und drüber jenes dünne, große Grau,
warmwallend wie auf roter Untermalung,
und über allem diese stille Strahlung
sinkender Sonne.

Wunderlicher Bau,
in sich bewegt und von sich selbst gehalten,
Gestalten bildend, Riesenflügel, Falten
und Hochgebirge vor den ersten Sternen
und plötzlich, da: ein Tor in solche Fernen,
wie sie vielleicht mir Vögel kennen…

Traduction

Le parc est haut. Et comme d’une maison
Je sors dehors de son crépuscule
En plaine et soir. Dans le vent,
Le même vent, que sentent aussi les nuages,
Les fleuves clairs et les moulins d’ailes,
Qui sont debout au bord du ciel, lentement moulinant.
Maintenant je suis aussi une chose dans sa main,
Le plus petit sous ces ciels. – Regarde :

Est-ce un ciel ? : bleu éclairé béat,
Dans lequel se pressent des nuages de plus en plus purs,
Et en dessous toutes les blancs en transitions,
Et au dessus ce grand gris transparent,
Chaudement débordant comme sur un fond rouge
Et au dessus de tout ce rayonnement silencieux
Du soleil couchant.

Construction de miracle,
En soi en mouvement et tenue par soi-même,
Formant des silhouettes, Ailes énormes, plis
et hautes montagnes devant les premieres étoiles
et tout à coup, là : un porche vers de tels lointains,
comme peut-être les oiseaux les connaissent….

Lauschende Wolke

Lauschende Wolke über dem Wald.
Wie wir sie lieben lernten,
seit wir wissen, wie wunderbald
sie als weckender Regen prallt
an die träumenden Ernten.

Traduction
Nuage qui tend l’oreille au dessus de la forêt.
Comme nous apprenions à l’aimer,
depuis que nous savons comment, miracle proche,
tel une Pluie réveillante
il heurte les récoltes rêvantes.

Vogelschrei

Wie ergreift uns der Vogelschrei…
Irgend ein einmal erschaffenes Schreien.
Aber die Kinder schon, spielend im Freien,
schreien an wirklichen Schreien vorbei.

Schreien den Zufall. In Zwischenräume
dieses, des Weltraums, (in welchen der heile
Vogelschrei eingeht, wie Menschen in Träume – )
treiben sie ihre, des Kreischens, Keile.

Wehe, wo sind wir ? Immer noch freier,
wie die losgerissenen Drachen
jagen wir halbhoch, mit Rändern von Lachen,

windig zerfetzten. – Ordne die Schreier,
singender Gott! daß sie rauschend erwachen,
tragend als Strömung das Haupt und die Leier.

Traduction

Comme il nous saisit le cri de l’oiseau…
Il en est de même pour n’importe quel cri.
Mais les enfants qui jouent là-bas, dehors,
Poussent des cris qui n’en sont pas vraiment.

Ils crient au hasard et ne font que planter la pointe
De leurs criailleries dans les intervalles du monde, en
Cet espace où seul pénètre le cri de l’oiseau
Comme les hommes dans l’espace du rêve.

Malheur, ou sommes-nous ? Toujours plus libres,
Comme des cerfs-volants ayant rompu leurs attaches,
Dérivant à mi-hauteur, les franges chargées de boue

Et déchirées par le vent. – Ô Dieu du chant,
Interviens pour que ceux qui crient s’éveillent
Dans un bruissement, et portent haut la tête de la lyre.

n°3 : « Vogelschrei »