La lune blanche

Voix de ténor (ou sopran) et piano
Poème de Paul Verlaine.
(2013)
Durée : 2’30
Création mondiale le 30 mars 2013 à l’Espace Fleuret du CNSM de Paris par Fabien Hyon et Yoan Héreau.

Écoute de l’œuvre :

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La lune blanche…

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée…

Ô bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…

C’est l’heure exquise.

Paul Verlaine, La Bonne Chanson

Questionnaire à Patrick Burgan, dans le cadre de la commande collective autour le « La lune blanche » – CNSMDP – mars 2013

 

 

  • Dans le choix d’un poème, sa popularité (au sens du nombre de mises en musique) peut-elle constituer pour vous un obstacle ?

PB : Non

 

  • Vous penchez-vous sur les versions déjà existantes (s’il y en a) avant d’aborder un nouveau poème ?

PB : Je préfère éviter

 

 

  • Pourquoi continuer à écrire de la musique sur des mots tant de fois chantés ?

PB : La question ne se pose pas : la musique que j’écris est ma façon personnelle d’appréhender le poème ; c’est donc comme s’il n’avait jamais été mis en musique.

 

 

  • Pourquoi, de votre point de vue, La Lune Blanche a suscité un tel intérêt chez les musiciens ?

      PB : Peut-être par l’intensité émotionnelle des images, la structure symétrique, la clarté d’un langage simple et direct (comme souvent chez Verlaine)

 

 

  • Que pensez-vous du pouvoir de la musique sur la poésie ? De quelle manière le compositeur peut-il orienter l’écoute d’un poème ? À l’inverse, pensez-vous comme Reynaldo Hahn que « Le rôle de la musique dans une mélodie ne devrait pas excéder celui de la rampe devant une pièce de théâtre »[1] ?

     PB : Pouvoir déterminant ! Le compositeur impose à l’auditeur sa propre lecture. L’image de Hahn n’est pas mauvaise, mais il ne faut pas la comprendre « à l’inverse ». En effet, la rampe éclaire la scène, et sans elle toute l’action resterait cachée dans l’obscurité ; c’est dans ce sens que la musique est une rampe qui éclaire le poème et le révèle.  Et, effectivement, si la rampe est trop puissante, tout est surexposé, donc confus et blafard : la musique doit transcender les mots, pas tenter de les surpasser.

 

 

  • Pensez-vous qu’un compositeur désirant mettre de la poésie en musique doit nécessairement connaître les règles de prosodie et de versification (métrique, rime, etc.) poétiques ?

     PB : Oui ! Absolument !

[1]HAHN (Reynaldo), Notes, Journal d’un musicien. I-Juvenilia, Edition Plon, 1933