Enigma

Dialogue lyrique pour 2 ténors, chœur de femmes et orchestre
(2008-2022)
Durée : env. 2h
D’après la pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt « Variations énigmatiques »

Création mondiale les 18, 20 et 22 novembre 2022 à l’Opéra-Théâtre de Metz
Reprises les 7, 9, 11 et 13 avril 2024 à l’Opéra de Montréal – Théâtre Maisonneuve

Dossier complet consultable plus bas, après les extraits audio et vidéo : Notes d’intention, nomenclatures, livret, etc.

Pour obtenir les partitions, adressez une demande à l’association Alcmène dans la rubrique Contact

Nomenclature orchestrale : cliquez ici
(NB : l’effectif des cordes peut être réduit à 8/6/4/4/3)

Nomenclature instrumentale de la version pour 11 instruments : cliquez ici

Livret de l’opéra : cliquez ici

Émission radio (Patrick Burgan, Eric-Emmanuel Schmitt, Daniel Kawka) : cliquez ici

Note d’intention du compositeur :

Le potentiel sonore de la pièce Variations énigmatiques d’Eric-Emmanuel Schmitt m’a, dès la première lecture, fortement impressionné.

Les deux coups de fusil initiaux, réitérés au milieu et à la fin, donnent à l’opéra son principal motif rythmique.

Le flux à la fois physique et psychologique opéré par la multiplicité des rebondissements, trouve un parallèle immédiat dans la dynamique du discours musical.

Quant aux Variations Enigma d’Elgar, point de départ de l’écrivain, elles sont le symbole de la femme inaccessible et mystérieuse, par le biais du thème inconnu et des titres énigmatiques. Leur présence dans l’opéra est d’une certaine manière structurante, mais toujours sous-jacente et très stylisée. Seul le thème sera vraiment reconnaissable, lorsque les protagonistes y feront directement allusion.

Voilà pour les sources d’inspiration liées à la teneur sonore de la pièce originelle.

Toutefois, ce qui m’a réellement convaincu du bien-fondé de sa transposition musicale est le souffle lyrique qui en émane ; l’intensité expressive de cette histoire.

Deux personnages seulement : Abel Znorko, écrivain célébré et vieux misanthrope retiré sur une île boréale ; Eric Larsen, jeune journaliste enthousiaste venu l’interviewer.

J’ai longtemps hésité sur le registre vocal de chacun : un Znorko-basse et un Larsen-ténor, me paraissait trop convenu ; une simple inversion de ces registres, sans doute un peu artificielle.

Il m’a finalement paru beaucoup plus judicieux de confier ces deux rôles à des voix identiques – deux voix de ténor – car ces deux hommes (l’histoire ne le dévoile que très progressivement) sont beaucoup plus proches qu’il n’y paraît. Ils ont notamment connu la même femme sans le savoir ; mais dans une situation inédite qui n’a aucun rapport avec le trio théâtral conventionnel.

Cette femme, dont la place est absolument centrale sur le plan dramaturgique, n’apparaît jamais, et ne vit que dans le souvenir des deux hommes.

Elle va cependant se faire entendre dans la deuxième moitié de l’opéra, lorsque Znorko et Larsen découvrent leur liaison commune : sa voix, incarnée dans un chœur féminin invisible et sans texte qui va se démultiplier jusqu’à 12 parties, hantera la nappe sonore jusqu’à la fin de l’ouvrage.

                                                                                                                                                                                                                 

Note d’intention du metteur en scène :

Enigma, de l’œuvre théâtrale à l’œuvre lyrique

Comme il l’indique dans sa note d’intention, le compositeur Patrick Burgan est vite impressionné par la lecture de la pièce Variations énigmatiques d’Éric-Emmanuel Schmitt.

Il y découvre et parle d’un ‟souffle lyrique qui en émane” et sera sa source d’inspiration pour la composition de son opéra.

C’est dans cette logique de création que le support premier de l’activité dramaturgique est donc constitué, par la partition qui est le cœur de l’opéra. Elle est cet élément complexe où s’opère la synthèse entre le drame proposé par le livret – personnages, lieux, actions, motivations – et la musique.

Mon propos sera donc de conserver l’essence même de la trame et surtout sa théâtralité.

Dans ce projet, nous avons donc pris l’option de travailler une scénographie qui servira le huis-clos par la construction d’une maison symbolique qui enferme nos deux personnages, l’île de Rösvannöy étant elle-même symbolisée par cet élément sur pilotis.

L’équipement lumineux des contours de la maison permettront de souligner le temps et les états psychologiques de nos deux personnages.

La scénographie étant posée, le travail de mise en scène pourra commencer.

L’univers du huis-clos est un régal. Il demande une complicité et une rivalité qu’il faudra exacerber dans l’interprétation voulue pour les deux personnages.

Il est toujours excitant de monter et d’assurer la mise en scène d’une création. Ce nouvel opéra qu’est Enigma, avec ses deux interprètes francophones, c’est faire chanter et faire résonner l’écriture d’Éric-Emmanuel Schmitt et la musique de Patrick Burgan, compositeur de ce dialogue lyrique. L’enjeu majeur de la mise en scène consistera dans le travail de direction d’acteurs, de conserver et de rendre toute la théâtralité de ce duo, qui a tant inspiré le compositeur dans la construction de son œuvre lyrique.

Un autre enjeu sera d’éviter de donner ou de dédier ce travail dans un simple dénominateur commun patriarchal, mais certainement de faire exister le personnage pivot de la femme, appelée Hélène, personnage invisible mais présent dans l’écriture sonore de l’ouvrage.

Enigma est une formidable machine à jouer. II y est proposé deux rôles solistes d’une grande complexité qui révèleront les natures des deux personnages

Paul-Emile Fourny, Directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz