Un éclair… puis la nuit !

15 instruments : 1.1.1.1./ 1.1.1.0./ 2 perc./ Harpe/ 2 Vl. A. Vc. Cb.
(1996)
Durée : 20’
Création mondiale le18 novembre 1997 à Angoulême par l’ensemble Opus 16 sous la direction de Jacques Pesi
Editions Hamelle (Leduc)

Extrait
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

« A une passante » (Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal)

Il est des poèmes auxquels on n’ose pas toucher, tant ils contiennent de musique. La paraphrase musicale est alors le seul moyen de libérer la sublime exaltation que procure un tel concentré de beauté, tout en préservant l’original, tout en restant en marge, humblement.
« Un éclair… puis la nuit ! » est dédié, à l’occasion de son 80ème anniversaire, à cet autre éloquent orateur d’une expression artistique tout à la fois retenue et puissamment lyrique : Henri Dutilleux.

Patrick Burgan